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Lors d'un entretien pour un job d'entraineur sportif, Lars Simonsen, 38 ans, originaire du Danemark, espérait secrètement qu'il ne serait pas choisi, et qu'il serait forcé de choisir le Plan B – une expédition en kayak qui les mènerait avec sa compagne Suzi, 38 ans, et leurs deux enfants, Tiuri (7 ans) et Liva (5 ans), de Copenhague à Istanboul. Lars a écouté les commentaires du directeur, lui signifiant le rejet de sa candidature avec un sens de l'aventure grandissant.

La plupart des familles seraient rebutées à la perspective d'entreprendre un si long voyage avec deux jeunes enfants, mais pour Lars et Suzi dans ce genre d'aventures avec des enfants, il convient d'être plus que flexibles. De précédentes aventures l'ont prouvé, avec la flexibilité, tout est possible. Tiuri et Liva ont permi d'ouvrir des portes et de faire baisser les barrières culturelles ce qui a rendu le voyage beaucoup plus facile. En fait la plus grande interrogation en préparant ce voyage a été quelle forme de transport choisir ?


Après bien des considérations, Lars a élaboré un accord de sponsorship avec deux kayaks "Mirage(R) Tandem Island()":https://www.hobie.com/mirage/mirage-tandem-island/ complets avec flotteurs, voiles et ponts pour que Tiuri et Liva puissent jouer et faire leurs devoirs si les conditions le permettent. Venant à peine de quitter Copenhague en mai 2014, la famille a du faire face à des ventes forts et de la pluie en descendant sur le canal de Kiel. Là ils ont rencontré des bateaux si gros que les vagues formées à l'avant des bateaux forçaient Lars et Suzi à pédaler pour se maintenir en place jusqu'à ce que, une fois la grosse vague passée, ils puissent surfer dans le sillage arrière des bateaux. La famille a traversé l'Allemagne principalement sur les canaux, faisant de brèves excusions pour explorer des lieux d'intérêt comme la mer de Wadden.

Au fur-et-à-mesure de leur périple, ils ont trouvé un rythme. Levés à 8 heures chaque matin, ils prenaient leur temps pour le petit-déjeuner, le rangement et la préparation des bateaux puis le déjeuner et ensuite partaient sur l'eau pendant trois ou quatre heures avant de s'arrêter. Chaque étape était soigneusement choisie, laissant du temps pour des visites, ou s'abriter en cas de mauvais temps, et pour les rencontres avec les gens. Une question revenait souvent : "Où avez-vous garé la voiture ?" Ce à quoi Lars répondait "à Copenhague".

En juin, la famille a atteint la Hollande, le pays d'origine de Suzi. Là ils bénéficièrent de l'hospitalité locale et de la ferveur montante autour de la coupe du monde de foot. En Belgique, la famille a inauguré les passages d'écluses. En France, en une seule journée, ils ont fait 80 km, et passé 26 écluses en 6 heures. Avec en tête la perspective d'atteindre la Mer Méditerranée, la famille a apprécié le défilé des paysages français, tout en désespérant de ne jamais atteindre la mer. L'anniversaire de Liva est arrivé alors que la famille était ballotée par le Mistral. Les flamands roses venaient en tête de liste de ses souhaits pour son anniversaire, et quand ils ont atteint la côte, Liva s'est réveillée avec un troupeau de flamands à juste 100 m de sa tente.

Rough conditions on a 50 km crossing
Arrivés à Monaco, le Yacht Club de Monaco a logé toute la famille dans une suite d'hôtel. Gelés, mouillés et fatiqués, ils ont affronté des vents violents et les vagues refoulant depuis la digue du port. Dans ces conditions, comme le bateau du yacht club sortait du port pour les accueillir, on ne peut pas en vouloir à Lars d'avoir pensé que l'homme impeccablement habillé et dressé à la proue du bateau était le prince.

Dès qu'ils ont posé le pied en Italie, les Simonsens ont été traités comme des membres de la famille, que ce soit en mer ou à terre. Avec les gardes-côtes comme supporters et suivis par tous les médias, les bons conseils et les taquineries sont allées bon train, lorsqu'ils ont voulu manger les spaghettis. “Ne traitez pas votre kayak de la même façon que vos pâtes,” a suggéré Maurizio, “et tout ira bien.” Après des centaines de sorties sur l'eau et de retour à la plage, Lars a continué à manger ses spaghettis coupés au couteau.

Pour les enfants, serrés contre les sacs étanches, crayons en main et le regard perdu par dessus leur gilets de sauvetage, les devoirs étaient une corvée nécessaire. Mais le fait de se débarrasser de ça sur l'eau laissait plus de temps à terre pour découvrir les traces des sangliers en forêt ou chercher les os de dauphins sur la plage. Après la traversée des eaux grecques, Lars fut contacté par les gardes-côtes grecs. "Ils nous ont dit d'être prudents. Ils pourraient ne pas être en mesure de nous porter secours si nous avions des ennuis. Ils pensaient qu'ils n'auraient plus de fuel d'ici quelques jours. "Voyager dans un pays qui est en pleine crise économique promettait d'être intéressant !". Mais ça n'a pas pris longtemps avant que les locaux, enthousiasmés par les récits de leurs aventures, fassent découvrir à la famille la façon de vivre des Grecs avec leur culture et leur cuisine.

The family together
La pensée de se promener d’île en île sur les eaux grecques bleues azur a été une puissante motivation lorsque, de leur maison du Danemark, ils ont préparé ce voyage. Mais la rencontre avec les dauphins a été la cerise sur le gâteau. Après les dauphins, la famille a du affronter le terrible vent Meltemi. Plus fort en juillet et août, il a menacé de chavirer le kayak de Suzi. Mais avec des milliers de kilomètres dans les coques, la famille a bien manœuvré dans les vagues, bien que le matériel donnât des signes de fatigue.

Malgré les épreuves durant ce voyage, une chose est demeurée constante. Dans chaque pays traversé, les gens ont ouvert leurs portes à cette famille d'aventuriers, démontrant à maintes reprises que quelles que soient les difficultés économiques, les différences de culture, les gens de tous âges et de toutes les positions sociales s'intéressent aux autres. A la différence des Grecs, les garde-côtes Turcs ne manquaient pas de carburant, pas de chance pour la famille qui a passé plus de 5 heures en détention pour avoir passé la frontière illégalement. Leurs papiers n'étant pas en règle, il leur a été conseillé de faire profil bas afin d'éviter les ennuis. La famille se retrouvait officiellement en cavale !

Malgré l'hospitalité des Turcs, le manque de papiers officiels leur a littéralement empoisonné la vie jusqu'à ce qu'ils atterrissent finalement sur une plage à deux pas d’Istanbul. De nombreux amis, parents et personnes rencontrées tout au long de leur périple les ont accueillis avec bannières et Champagne, mettant un point final très émouvant à ce voyage épique de 7 200 km bouclés en 18 mois.