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En Indes, j’ai passé quelques temps dans un ashram Hare Krishna dont une des occupations quotidiennes était le surf. Ils étaient également très intéressés par le SUP. Un jour après une longue sortie en SUP, deux membres de cette communauté, Kiran et Rammohan, m’ont dit qu’il y avait en Indes plusieurs lacs d’altitude qui seraient parfait pour monter une expédition. Très intriguée par cette idée, j’ai soudain réalisé que le SUP Hobie® gonflable serait la planche parfaite pour cette expédition parce que facilement transportable et utilisable à la fois en rivière et en lacs.

En guise de préparation, nous avons visité Dharamsala, la maison du Dalai Lama, puis nous nous sommes mis en route pour une longue randonnée destinée à nous adapter progressivement à l’altitude. Arrivés à Shimla à une altitude de 2 200 m, j’ai réellement commencé à ressentir le manque d’oxygène. La première fois que je suis tombée à l’eau, glacée par la neige, le froid m’a fait suffoquer et je me suis mise à tousser et haleter.

Après ces deux étapes, nous avons rassemblés nos esprits et nos équipements, et nous sommes transportés à Manali, à 2 050 m au dessus du niveau de la mer. J’ai réalisé plus tard que rien n’aurait pu me préparer au manque d’air et à tout ce que nous avons pu rencontrer sur la route de Manali à Leh.

Cette route fut a elle seule une aventure. Il s’agit d’un chemin caillouteux de la largeur d’un véhicule la plupart du temps. Nous avons rencontré plusieurs coulées de boues à cause de la fonte des neiges au sommet de l’Himalaya en ce début d’été. Des flaques assez grandes pour engloutir une moto ont causé des embouteillages qui nous ont ralentis pendant des heures.

Notre destination finale était Leh, nichée au plus profond de l’Himalaya à 3 500 m d’altitude. Sur le chemin, nous avons traversé un village de tentes nommé Zing Zing Bar à 4 078 m d’altitude. Ensuite le chemin est devenu très escarpé. Notre véhicule était constamment ralenti à cause des graviers et des cailloux. J’ai arrêté de compter les fois où la route a été coupée, car je commençai à ressentir le mal d’altitude. Nous montions tout droit.

Article image - Three Mile High SUP 1
SUP sky high, three miles high. Photo by Rammohan Paranjape.

La route a fini par se remettre de niveau, révélant une vallée vert émeraude nichée entre les montagnes enneigées et tout au fond un lac aux eaux noires de fonte des neige. Sur un petit rocher peint dans un carré jaune le nom du lac : Suraj Tal. L’altidude 4 883 m. La température extérieure glaçait jusqu’aux os.

Nous avons sauté de la voiture et sommes descendus tant bien que mal à travers les rochers, nos stand-up gonflables dans leurs sacs sur le dos. Nos poumons étaient en feu, notre vision était floue, et nos esprits embrumés.

Le gonflage de nos deux SUP Hobie a achevé de nous épuiser. Ce n’est qu’une fois sur l’eau que j’ai commencé à me relaxer. Au fur et à mesure que je pagayai autour du lac, j’ai pris conscience que Kiran et moi étions en train de pagayer sur le toit du monde. Vous pouvez compter sur vos doigts, mains et pieds réunis, le nombre de lacs qui sont situés plus haut que le Suraj Tal!

Le vent s’est levé et nous a poussé du côté du lac d’où nous étions partis. En filant sur l’eau, j’ai oublié que nous étions à 4,8 km de hauteur. Je n’ai pas pensé que je pouvais endommager la planche ou l’aileron sur la montagne, j’ai même oublié que je devrais bientôt quitter l’Inde. J’étais euphorique.

Et je n’ai pas un instant pensé que j’étais en train d’établir un record en SUP et encore moins que la fabuleuse brise qui nous ramenait vers le rivage était annonciatrice de blizzard… nous sommes sortis de l’eau juste à temps !

Le livre des records Limca reconnait April et Kiran comme détenteurs du record d’altitude en SUP.

Article image - Three Mile High SUP 4
The peaks of the Indian Himalayas soar high into the sky. Photo by Rammohan Paranjape.

Les sommets indiens de l’Himalaya se dressent haut dans le ciel. Photo de Rammohan Paranjape